Depuis 2012, plusieurs équipes de chercheurs proposent des typologies ou des cadres descriptifs de MOOC. Leur objectif est de faciliter les comparaisons entre les MOOC. Sans prétendre à l’exhaustivité, voici quelques propositions de typologies de MOOC suivies d’une courte critique.
Ces deux typologies présentent l’avantage de la simplicité. Cependant dans un MOOC conçu sur le modèle d’un xMOOC, on peut tout-à-fait imaginer que les participants décident de créer des lieux d’échanges et s’organisent afin de produire collectivement les tâches demandées. Les résultats issus de l’analyse de discours d’apprenants de MOOC (Quentin, à paraître) montrent que les apprenants sont peu nombreux à reprendre la dichotomie x et c afin de décrire les MOOC qu’ils ont suivis. Ils mettent en avant que les technologies du web participatif leur permettent d’échanger facilement entre eux, notamment en utilisant les réseaux sociaux et ce même si cela n’a pas été prévu par les concepteurs.
Baser une typologie de MOOC en partant de résultats concernant les dispositifs de formations hybrides me questionne. Hybride, signifie qu’une partie de la formation se déroule en présentiel. Or, les MOOC sont très (souvent) organisés pour fonctionner entièrement à distance. Par ailleurs, les MOOC ont des caractéristiques qui me semblent tout à fait particulières et qui les distinguent des dispositifs de formation hybrides. Ils sont massivement ouverts. Leur public est difficilement identifiable a priori ce qui n’est souvent pas le cas des formations universitaires qui imposent l’obtention de diplômes avant toute inscription. Le très grand nombre d’apprenants (jusqu’à plusieurs milliers) rend quasiment impossible le tutorat. Il impose également de mettre en œuvre des modalités d’évaluations spécifiques (par les pairs ou par les machines). Les MOOC sont (pour l’instant) des formations non diplômantes. Ils ne sont pas sanctionnés par des diplômes reconnus par les universités. Cependant, les certificats qu’ils délivrent à leurs participants peuvent d’ors et déjà être reconnus dans le monde professionnel.
Ces travaux présentent l’intérêt de s’appuyer sur l’une des caractéristiques spécifiques des MOOC. Ils mériteraient d’être complétés en prenant en compte les autres caractéristiques des MOOC : l’ouverture massive à des participants venus de tout bord, la non captivité des participants, le caractère non institutionnel des certificats de MOOC etc.
Toutes ces catégories n’abordent pas les MOOC du même point de vue et chaque catégorie peut se chevaucher avec une autre. En effet, rien n’empêche, par exemple, un MOOC d’être à la fois très court, synchrone et basé sur la transmission de cours déjà existants.
Finalement créer une typologie de MOOC est une tâche complexe. Selon le point de vue ou le champ disciplinaire auquel les auteurs se réfèrent, les typologies existantes rendent compte d’une partie de la « réalité » des MOOC. Ceci m’a conduit à réfléchir à d’autres pistes.
Bien avant les théories de l’apprentissage mises en oeuvre, ce qui importe à l’apprenant, ce sont les activités qui lui seront proposées. Devra t-il visionner des vidéos, produire seul ou collectivement des travaux, sera-t-il évalué par une machine (quiz) ou par ses pairs etc. De mon point de vue, un cadre descriptif de ce type permettrait aussi aux apprenants de choisir le MOOC qui répondra le mieux à leurs attentes.
La plupart des auteurs ayant publiés des articles sur les MOOC, insistent sur l’importance des échanges entre participants sur les réseaux sociaux. La participation active dans un MOOC est présentée par certains apprenants comme un moyen de développer leur réseau professionnel et d’améliorer leur notoriété (Quentin, à paraître). Cette participation ne dépend pas toujours des choix des concepteurs et peut être décidée directement par les apprenants. Ils peuvent choisir d’utiliser les comptes de réseaux sociaux « officiels » créés par les concepteurs de MOOC ou d’en créer d’autres. Une autre manière de décrire un MOOC seraient de prendre en compte cette caractéristique et de ne plus les analyser seulement comme des dispositifs de formation mais comme des réseaux sociaux. Nous pourrions alors utiliser des méthodes d’analyse des structures relationnelles dans un réseau social (Lazega, 2007). Nous pourrions également nous appuyer sur les propositions de typologie du web participatif (par exemple, le design de la visibilité proposée par Cardon en 2009) pour décrire certains usages de participants de MOOC.
Clark, D. (2013). MOOC: taxonomy of eight types of MOOC (blog post), Donald Clark Plan B (blog post), http://donaldclarkplanb.blogspot.co.uk/search?q=MOOCs:+taxonomy
Daniel, J. S. (2012). Making Sense of MOOC: Musings in a Maze of Myth, Paradox, and Possibility (MOOC research paper) http://www-jime.open.ac.uk/article/2012-18/
Gilliot, J.-M., Garlatti, S., Rebai, I., & Belen-Sapi a, M. (2013). Le concept de iMOOC pour une ouverture maîtrisée). In Rosselle, M. & Gilliot, J.-M., actes de l’atelier MOOC, à EIAH’2013, 28/05/2013, Toulouse (France), http://ateliermooceiah2013.wordpress.com/
Lazega, E., Réseaux sociaux et structures relationnelles, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2007 (1re éd. 1998).
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Bonjour Isabelle,
intéressant de voir une analyse préparatoire publiée dans un blog.
Sur ton résumé des travaux de Daniel, il me semble qu’il y a une coquille.
concernant Clark, il me semble qu’il reprend les axes de Lane en reformulant.
Par ailleurs, je ne te suis pas sur ta critique de Rosselle. L’idée est de reprendre un cadre existant, certes dans un autre contexte, qui justement identifie la richesse des activités proposées aux apprenants. Cela est donc un point d’entrée pour la piste « activités ».
Je suis par ailleurs tout à fait d’accord avec toi sur le fait qu’il faut appliquer d’autres modèles pour évaluer la richesse d’un tel dispositif. L’axe réseau social en est un majeur.
Au delà de l’analyse d’un MOOC, nous avons par ailleurs identifié la migration d’un MOOC à l’autre. C’était particulièrement prégnant sur les premiers MOOC. A voir si cela perdure.
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Bonjour Jean-Marie,
Merci pour ton commentaire. je désespérais un peu que ce billet soit critiqué 🙂
Pour les travaux de Marilyne Rosselle, l’idée de réaliser une typologie à partir des activités proposées dans les MOOC me semble également pertinente et riche. Mais je continue de penser que d’avoir utilisé une typologie créée pour les formations hybrides « enferme » la réflexion. Une autre piste possible aurait été de réfléchir à une typologie spécifiquement adaptée aux MOOC et à leurs caractéristiques et ensuite de comparer les résultats avec ceux établis par le groupe Hy-Sup. En résumé, j’adorerais poursuivre cette discussion que je trouve très riche avec Marilyne et toi.
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Comme quoi il ne faut jamais désespérer 🙂
Je continue à penser que l’approche de Hy-Sup est bonne. On y retrouve moult dimensions intéressantes. Mais il faut évidemment l’adapter.
Au plaisir de continuer la discussion
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