Isabelle Quentin

Usages, numérique, éducation, réseaux d'enseignants, MOOC

Le système général de l’activité d’Engeström

Dans le modèle de l’activité proposé par Engeström (1987), la notion de communauté est prise en compte dès lors que l’individu n’est pas seul. Pour Engeström, la communauté se définit comme un ensemble d’individus qui partagent le même but. Afin d’atteindre leur but commun, les individus d’une même communauté mettent en œuvre des processus de transformation de l’existant (systèmes d’activité de production). Le développement des systèmes d’activité de production n’a pas lieu de manière linéaire, mais via des cycles de transformation basés sur la résolution de tensions.

Modèle du système général de l’activité, Engeström, 1987

Dans ce modèle, un acteur de l’activité est un membre d’une communauté d’acteurs travaillant sur le même objet pour créer ensemble un produit. Les actions individuelles, de même que les nécessaires échanges de produits intermédiaires et de ressources, sont réalisés par le biais d’outils, de règles et de la division du travail inhérents au système d’activité. L’évolution des systèmes d’activités se fait depuis plusieurs entrées : les instruments utilisés, les sujets, les objets, la division du travail, les règles appliquées et la communauté.

L’intérêt de ce modèle tient dans son caractère systémique. Il permet d’adopter un point de vue qui n’est pas uniquement fondé sur la communauté ni sur les instruments utilisés, mais qui prend en compte l’ensemble du contexte des activités (Baron et Bruillard, 2004).

Virkkunen en 2007 rappelle que la transformation d’une activité collective est un processus progressif et compliqué de médiations, dans lequel le changement d’un des médiateurs de l’activité crée de nouvelles contradictions internes au sein de chaque élément et entre les éléments du système de l’activité. Ce processus a été schématisé par Engeström de la façon suivante :

Modèle idéal-type du processus d’expansion du système de l’activité, Engeström (1987)

 Le processus cyclique d’une activité tire sa force de la succession de résolutions de contradictions internes apparaissant au sein du système de l’activité. La première phase du cycle est caractérisée par une aggravation graduelle de la contradiction de premier ordre existant entre la valeur d’usage et la valeur d’échange. Lorsque d’autres éléments changent au sein de l’activité, l’état provisoirement atteint se développe par l’apparition de contradictions secondaires entre les éléments du système. Ces contradictions se manifestent dans des situations inextricables pour les acteurs individuels. L’adoption d’un nouveau médiateur, qui redéfinit l’objet et le produit de l’activité, initie le processus de transformation du système d’activité. Provoquées par les collisions entre les nouveaux et les anciens éléments de l’activité, de nouvelles innovations apparaissent. Dans la dernière phase du cycle d’expansion de l’activité via des remédiations, de nouveaux médiateurs doivent aussi être créés pour assurer l’interaction entre l’activité centrale et les activités périphériques dans le réseau qui existe entre différents systèmes d’activité.

Bibliographie

Baron, GL., Bruillard, E. (2004). Quelques réflexions autour des phénomènes de scolarisation des technologies. In Pochon Luc Olivier et Maréchal Anne, Entre technique et pédagogie. La création de contenus multimédia pour l’enseignement et la formation, IRDP, Neuchâtel, 2004, p. 154-161.

Engeström, Y. (1987). Learning by expanding: An activity-theoretical approach to developmental research. Helsinki, Finland: Orienta-Kosultit Oy.

Virkkunen, J. (2007). Le développement collaboratif d’un nouveau concept pour une activité. @ctivités, n.4 (2), p. 151-157.

Un commentaire sur “Le système général de l’activité d’Engeström

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Cette entrée a été publiée le 16 septembre 2012 par dans Articles, et est taguée .