Isabelle Quentin

Usages, numérique, éducation, réseaux d'enseignants, MOOC

Journée de réflexion sur et avec des réseaux d’enseignants

J’ai hésité à publier cet article car cette journée a eu lieu en mai 2011, ce qui un peu ancien. les éléments mentionnés me semblent toujours d’actualité, j’ai donc décider de … partager.

Nous avions comme objectif de réfléchir ensemble aux évolutions possibles ou probables de notre système éducatif dans le cadre du projet PREA2K30 (UMR STEF, ENS de Cachan). Cet article vous propose une synthèse des éléments qui me semblent particulièrement saillants concernant les modes de fonctionnement et les objectifs poursuivis par les réseaux que nous avons eu la chance de réunir au cours de cette journée.

Merci à Sésamath, Les Clionautes, WebLettres, EducOOo.org, CDI Doc, STG Cfe, E.l@b, mespreps.com, Edulibre, Enseignons.be pour leur participation à cette journée.

Un point de départ : des échanges sur une liste de discussion

Tous les réseaux présents ont été créés en complément ou en réaction à une liste de discussion professionnelle. Parfois les fondateurs ont décidé de se regrouper en réseau à la suite d’échanges sur des espaces de discussion (listes ou Twitter). D’autres fois, il s’agit de listes institutionnelles jugées intéressantes pour les discussions mais ne répondant pas au besoin ressenti par quelques membres actifs de mutualiser des ressources pédagogiques.

Une structuration en réseau rendue possible grâce au déploiement d’environnements technologiques

Les dates de création des réseaux peuvent être regroupées en trois périodes assez ciblées correspond au déploiement de 3 types de technologies :

  • La première période est comprise entre 1998 et 2002 et correspond à la période de démocratisation d’Internet en France
  • La seconde période est plus récente. Une seconde vague de création de réseaux a eu lieu entre 2006 et 2008. Cette période correspond à l’essor des technologies du Web 2.0.
  • Enfin, un réseau vient d’être créé en 2011 par des enseignants discutant régulièrement sur Twitter. Ils se sont rencontrés sur cet outil fraichement créé et en phase de démocratisation en France. 

Quels objectifs poursuivent-ils ?

La recherche de satisfaction de besoins professionnels et personnels

Les réseaux d’enseignants ont été créés pour combler des besoins personnels (reconnaissance, lutte contre un isolement ressenti) et professionnels (mutualisation de ressources, échange d’informations). Certains réseaux sont nés pour combler un besoin professionnel. Leurs fondateurs ont imaginé et mis en œuvre des solutions techniques ou pédagogiques puis ont décidé de les partager avec d’autres.

Les réseaux recherchent une reconnaissance institutionnelle. La plupart de leurs représentants déplore un manque d’intérêt des autorités hiérarchiques (inspecteurs) et de l’institution Éducation Nationale vis à vis de leurs efforts. Pour exister, ils cherchent à s’assurer une visibilité médiatique : utilisation des réseaux sociaux, participation à des forums ou à des tables rondes professionnelles.

L’épineuse question de la neutralité

Les réseaux présents sont divisés sur ce point. Certains prônent l’application d’une pédagogie active et plutôt en utilisant les Tice. D’autres au contraire, se réclament d’une totale autonomie et mettent en avant le principe de la liberté pédagogique dans leurs règles de fonctionnement. Dans le même ordre d’idée certains réseaux ne se souhaitent pas prendre position sur les réformes éducatives ou les contenus des référentiels d’enseignement. D’autres au contraire, pensent qu’ils doivent faire entendre leur point de vue d’acteurs de terrain sur ces sujets.

Avec quels modes de gouvernance ?

La nécessité de dépersonnaliser

Les fondateurs sont nommés explicitement. Ils font partie de la culture et de l’histoire des réseaux. Ce sont des personnalités respectées et écoutées. Ils influencent de ce fait très fortement les actions du réseau. Le transfert de légitimité des fondateurs en faveur du collectif peut parfois prendre des années.

Pour fonctionner, le collectif doit primer sur l’individuel. Les projets apportés dans les réseaux doivent devenir la propriété du réseau. Si ce point fait l’unanimité, il se révèle être une source de tensions. Certains réseaux fonctionnent sous la forme d’une agrégation de projets gérés par leur propriétaire. Ceci se traduit par des conflits entre les personnes à l’initiative des différents projets et par un manque de cohérence de l’ensemble des activités du réseau.

Cette personnalisation rend délicate la pérennité des actions. En effet, si un apporteur de projet quitte le réseau qu’advient-il de son projet ? Il peut disparaître par manque d’investissement d’autres membres qui se sentent moins impliqués ou être « récupéré » par son créateur et continuer à vivre en dehors du réseau.

Le recrutement des nouveaux membres : faire ses preuves d’abord

Pour devenir membre des réseaux, les enseignants doivent dans la plupart des cas apporter la preuve de leur investissement. Ils doivent participer activement aux activités avant d’être cooptés par les fondateurs ou les membres constituant le noyau central du réseau. Un réseau a poussé cette logique jusqu’au bout et demande à chaque adhérent de lire et de signer une profession de foi qui reprend ses valeurs essentielles. Ce réseau assimile l’acte d’adhésion à la signature d’un contrat. Un autre réseau fonctionne avec un numérus clausus. L’adhésion à ce réseau doit s’accompagner (sous peine de radiation) d’une activité visible basée sur le principe du don et du contre-don.

En conclusion :

Des réseaux très différents mais avec des points communs qui se cristallisent autour de la pérennité des actions. Celle-ci nécessite de

  • Rester pérenne;
  • S’assurer de la participation active de ses membres;
  • Être reconnu en interne et en externe.

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Cette entrée a été publiée le 16 avril 2012 par dans Articles, et est taguée .